Il y a quelques années , en déambulant dans les allées d’un Relay gare de Lyon , je suis tombée sur le titre d’un livre dont le titre était: « je pense trop ».
Je me suis dit de suite « mais c’est moi ça ». Une réaction qui en elle-même est claire sans aucune fierté de penser trop.
Quand on a comme moi des pensées envahissantes, c’est plutôt quelque chose que l’on a envie de ralentir.
Rien qu’en écrivant ces lignes, mes pensées sont en train de jouer entre elles à vitesse grand V.
C’est pour cela que je note toujours sur carnets, téléphone ou post- it.
J’ai aussi appris à « méditer » en me posant au calme un court instant. En prenant de grandes respirations en attendant que là-haut , ça se calme.
Je regarde donc la 4ème de couv, et je lis « Qui pourrait penser qu’être intelligent, puisse faire souffrir et rendre malheureux?… Ce livre propose des cours de mécanique et de pilotage de ces cerveaux surefficients » .
Et en lisant ce mot de surefficience, j’ai de suite reposé le livre, presque en le jetant, en me disant « ah non ce n’est certainement pas moi. » Et je suis passée à autre chose.
Comme toutes choses nécessaires à notre voyage personnel, le livre m’est bien sûr revenu .
Une amie je crois m’en a parlée.
Alors je me suis dit qu’il fallait absolument que je le lise , sait-on jamais. Que c’était sans doute un signe.
Il pourrait peut-être m’aider à comprendre qui j’étais.
Pourquoi j’étais comme je suis et surtout m’en accorder le droit.
Ce livre de Christel Petitcollin « Je pense trop » a été pour moi et des milliers de lecteurs une seconde vie. Une nouvelle vie.
En effet, l’auteur parle notamment des caractéristiques des hypersensibles qui représentent 20% de la population.
L’hypersensibilité ( ou aussi dominance cerveau droit au aussi enfant indigo) est un sujet vaste. Vous pouvez lire quelques posts à ce sujet sur mon compte Instagram
Vous pouvez aussi trouver une partie sur ce blog qui parle des chroniques de ma vie, la vie d’une femme hypersensible à l’aube de la cinquantaine.
Si vous faîtes le calcul, la lecture de ce livre qui a changé ma vie a été bien tardive. Au milieu de ma quarantaine. Mieux vaut tard que jamais!!!
Etant une femme des années 70, nous ne parlions pas de cela dans mon enfance. Ce n’est que depuis une quinzaine d’années que les livres sur cette particularité sont dans les librairies au rayon « développement personnel »…
Pourquoi je vous parle d’hypersensibilité.
Parce qu’elle est une caractéristique partagée par les HS (hypersensibles) comme les HP (haut potentiel).
Un HP sera toujours HS mais à l’inverse un HS n’est pas forcément HP. Ce qui est mon cas. Je ne suis pas haut potentiel. Ce qui ne m’a pas empêché de m’intéresser au sujet.
Grâce aux réseaux sociaux et en parlant de ma vie, j’ai attiré à moi des gens HS en étant juste moi même et sans crier fort que j’étais HS. Comme quoi l‘adage « on attire qui nous sommes » est bien réel.
Dans ce groupe de femmes qui me ressemble, nous avons des discussions sans fin car nous nous comprenons si bien.
Nous rions, nous sommes émues de retrouver nos caractéristiques chez d’autres. Et on se comprend!
Ce qui est un super carburant pour avancer dans ce monde où nous sommes si peu comprises.
Parmi celles-ci, quelques-unes sont HP .
Pascale, dont je fais le portrait aujourd’hui s’est posée beaucoup de questions tout au long de sa vie comme nous toutes HS.
Il y a peu , ni tenant plus, elle est allée voir un spécialiste qui lui a conseillée de faire le test. Test qui lui a confirmé qu’elle était bien haut potentielle.
Les réponses de Pascale, j’aurais pu à 90% les écrire tant les ressemblances entre HS et HP sont nombreuses.
Et je me suis dit « ah oui elle aussi a bien souffert ».
Ses réponses m’ont mises en colère et m’ont fait pleurer parce que je les comprends si bien.
L’empathie chers HS , l’empathie! Vous comprendrez de quoi je parle quand vous aurez terminé cette lecture de portrait!
Si j’avais pu avoir ces échanges avec des semblables quand j’étais enfant ou ado , je me demande comment serait ma vie actuellement. Moins de souffrances? Who knows.
Mais ce n’est pas de moi dont on parle aujourd’hui mais de Pascale.
Bonjour Pascale. Peux-tu en quelques mots te présenter.
J’ai 48 ans et je vis actuellement dans l’ouest lyonnais.
Je suis mariée mais je vais vers une séparation.
J’ai trois enfants de 22, 12 et 14 ans. Ma fille, l’aînée, est issue d’un premier mariage.
J’aimerais Pascale que tu nous parles de ta vie professionnelle à l’aube de la cinquantaine. Ton job actuel, et un résumé de ta vie professionnelle. c’est important que nous comprenions bien les difficultés que tu as rencontrées dans ta vie en ne sachant pas qui tu étais et encore moins comprise par les hiérarchies.
Ma vie professionnelle, vaste sujet, vaste ratage.
Je me suis constamment dirigée vers l’urgence, trouver un travail pour avoir un salaire.
D’abord pour partir de chez moi, puis pour quitter mon premier mari, puis pour suivre le deuxième.
Jamais parce que ça me plaisait !
J’ai occupé divers postes dans des magasins (grande distribution, Fnac), dans la banque également.
Je n’ai jamais évolué et ce que je voyais au-dessus ne me motivait pas.
Je fonctionnais néanmoins, et c’est toujours le cas, à l’affectif.
Si l’environnement humain me satisfaisait, alors ça m’aidait beaucoup à supporter le reste.
C’est souvent ce qui a contribué à me stabiliser dans ces emplois qui ne m’offraient pas tellement de perspectives.
Le commerce et la vente sont des domaines dans lesquels je ne m’épanouis pas. J’ai malgré tout persisté et signé pendant des années.
J’ai espoir aujourd’hui que ça change.
Concernant mon image, elle était plutôt bonne. Mon adaptabilité, mon relationnel faisaient la différence.
Le bât blessait en ce qui concernait la performance, les objectifs.
J’ai zéro notion de compétition, ça n’a aucun sens pour moi. Donc j’étais souvent considérée comme quelqu’un de peu impliqué.
Ce qui était faux. J’étais impliquée, mais certainement pas là où on m’attendait.
Pour autant certains ont vu des choses positives, mais pas applicables sur ce type de job.
Pascale, parlons maintenant de ta scolarité. Qui est je suis sûre un sujet délicat également. Etais-tu une bonne élève au sens académique français ? Avide de connaissances, de bonnes notes et aimant la compétition ? Ou renfermée et n’ayant pas confiance en toi ?
Au primaire, ça allait, j’étais plutôt bonne élève.
C’est au collège que ça a commencé à moins bien se passer.
C’est là que j’ai commencé à vraiment ressentir le besoin de dissimuler ma différence, créer ce faux-self, qui s’est révélé, et se révèle toujours, énergivore.
Il me semblait beaucoup plus important de développer des relations humaines, d’être acceptée et aimée plutôt que d’avoir de bonnes notes.
J’ai loupé un sacré coche !
Mes goûts se portaient naturellement vers le français et les langues vivantes, avec de bons résultats, mais c’était insuffisant.
Avec le recul, j’ai le sentiment d’avoir traversé cette période en beuglant « aimez moi, aimez-moi ! »
Sans rien voir de ce qui se produisait autour, de ce que j’étais en train de zapper : juste mon avenir!
J’ai ensuite obtenu un joli bac G3 ! Le bac poubelle à l’époque : ceux qu’on ne savait pas orienter atterrissaient souvent là.
Rares étaient ceux qui s’y dirigeaient volontairement.
Puis dans la foulée, un BTS Action Commerciale.
Vous connaissez l’enseigne Alinéa ? C’est chez eux que j’ai effectué mon alternance.
Un jour, l’un des cadres (c’était le tout premier magasin de la chaîne) m’avait dit, mi navré, mi moqueur, « tu ne comptes pas persévérer dans le commerce j’espère ».
J’avais jugé sa réflexion déplacée, mais maintenant, je la trouve absolument clairvoyante.
C’était évident que je n’étais absolument pas faite pour ça !
Et pourtant, sortie de là, j’ai foncé dans la grande distribution.
Je voulais aussi quitter rapidement la maison où l’ambiance déjà pas folichonne se dégradait de jour en jour.
As-tu déprimé ado ? Te sentais-tu hors du monde ?
J’étais mal dans ma peau, un peu boulotte, pas très marrante, je tâtonnais à créer mon masque.
A cette époque j’avais une obsession : partir et tout recommencer ailleurs, là où personne ne me reconnaîtrait, pour pouvoir jouer un rôle parfait, sans antécédents.
J’écrivais beaucoup, je passais mon temps à fantasmer ma vie, je m’échappais dans mes rêves.
C’était une période chiante dont j’ai voulu me sortir rapidement.
Peux-tu définir ton HS (hypersensibilité) Et te sens-tu HS ?
Mon hypersensibilité est devenue évidente lorsque j’ai lu ce terme pour la première fois.
Jusque-là, il m’était difficile de comprendre ce fonctionnement particulier.
J’avais le sentiment que tout me heurtait, que tout me révoltait, depuis toujours.
C’était constamment un bouillonnement à l’intérieur, rien ne me satisfaisait jamais. J’avais, et j’ai, le sentiment d’un ogre en moi jamais rassasié.
Et puis les sens constamment sollicités, tout est sujet à déconcentration, rien n’est trié.
J’ai même lu récemment que ces fameuses migraines ophtalmiques accompagnées de scotomes (trouble visuel, scintillement persistant) dont je souffre depuis des années pourraient être liées au déficit de l’inhibition latente.
L’HS c’est aussi, constamment, capter les émotions des autres, l’empathie, ce qui est très différent de la compassion.
L’empathie ne vous laisse pas le choix de vous intéresser ou non à l’état émotionnel des autres.
Ça vous envahit littéralement. Parfois c’est très utile, parfois très encombrant !
Ce que je préfère dans cette particularité, c’est la capacité à s’émerveiller.
Que celle-ci ne me quitte jamais, c’est mon souhait !
Qu’est ce qui t’a motivé Pascale à faire un test HP. Ce n’est pas évident je trouve d’oser mettre un éventuel mot sur ses propres capacités. Même si c’était vital pour toi de savoir, je trouve la démarche courageuse. Quel a été ton chemin vers cette démarche de test? Tu y penses depuis quelques années?
J’y pense depuis 2017.
Cette année-là, je tombe sur un extrait d’article : « les femmes Asperger peuvent aussi adopter la stratégie du caméléon pour passer inaperçues. Elles copient, imitent les autres, ceux qu’elles jugent avoir du succès en société. Sur ce point, plus leur niveau d’intelligence sera élevé, plus elle semblera adaptée, par l’appropriation d’un rôle, imité dans ses moindres détails ».
Et paf, je me venais de me prendre en pleine poire mon fonctionnement depuis des années.
Mais moi, autiste ? Ma référence, c’était Rain Man.
Ça m’a inspiré un texte, mais je n’y croyais pas tant que ça.
Et puis j’ai laissé courir.
Jusqu’au confinement.
Un nouveau boulot, du télétravail, des erreurs d’inattentions nombreuses, je pense avoir un trouble du déficit de l’attention.
Je cherche, je creuse.
Et je décide d’aller consulter une neuropsychologue, parce que je me dis qu’il faut quelqu’un de compétent pour avoir un diagnostic sûr.
Avant la première consultation, mon sentiment se forge, je fais parvenir le texte écrit à la psy, puis lors du rdv, je ne lui parle pas de mes doutes.
Je la sens assez portée sur une vision trop spirituelle pour moi.
Mais après, je me ravise.
Je lis beaucoup de choses sur les surdoués, zèbres, hp.
Bref, je me fade tout ce qu’internet a à offrir sur le sujet. Plus les bouquins.
Alors au deuxième rdv, j’y vais franco.
Je veux passer le test.
On est en juillet, elle me propose une date en septembre. J’ai passé l’été à y croire et à le démentir.
A me méfier des biais de confirmation, à voir le camp des pour et celui des contres mener bataille dans ma tête, quotidiennement.
Le jour du test, j’étais plutôt calme, mais j’avançais clairement dans des pompes trop grandes pour moi.
Et puis, c’est passé. Comme un jeu.
Je l’ai passé un vendredi matin, et j’ai eu les résultats le lundi suivant dans l’après-midi.
Comment te sens-tu maintenant que les résultats sont là ?Peux-tu nous détailler ton style de haut potentiel ? Je sais qu’il en existe plusieurs.
J’ai pleuré comme une madeleine lorsque j’ai lu les résultats. Un mélange de soulagement et de « je le savais bordel ! »
Je continue ma quête, je n’en ai pas fini avec le besoin de comprendre.
J’oriente cependant plus mes recherches vers le faux self et comment s’en « débarrasser ». Comment me retrouver dans ce fatras de personnalités.
Je sens aussi de jours en jours quelque chose que j’identifie comme un sentiment revanchard s’installer un peu plus en moi.
Je le laisse venir, car ma situation actuelle va requérir un peu d’agressivité, ou du moins, de pouvoir tenir tête et de m’accrocher.
Le diagnostic dit, « haut potentielle hétérogène ».
On dit aussi « profil complexe », par opposition à « laminaire ».
Les profils homogènes/laminaires présentent le même niveau de performance sur tous les items, alors que celui des hétérogènes/complexes est en dents de scie, avec une aisance dans certains domaines plus marquée.
Comment as-tu mis des mots pour expliquer ton haut potentiel à ton entourage ? Te sentais-tu fière ou au contraire gênée ?
Fière, je ne sais pas.
Je suis née comme ça, et j’ai pas été fichue d’en faire grand-chose jusqu’ici alors!
Mais pas gênée non plus. Je l’ai dit à ceux à qui j’avais parlé du test, les gens les plus proches de moi. Ceux qui pouvaient être concernés, ceux qui se sont trouvés sur mon chemin au moment où je l’ai pris, dont toi.
Je l’ai dit simplement.
Parfois j’y ai mis un peu de suspense.
Alors oui, j’imagine qu’à certains égards, j’étais plutôt contente que le résultat soit dans ce sens là.
Quelle fut la réaction de ceux à qui tu en as parlé ? Ont-ils été surpris de te voir comme une personne avec des capacités supérieures ? Parce que c’est bien ça mot pour mot, être haut potentiel, non ?
Capacités supérieures, je ne sais pas.
Il y a certaines caractéristiques communes aux HP, comme par exemple la vitesse de transmission de l’information.
Ou la fameuse pensée en arborescence, chercher à résoudre quelque chose en passant par le chemin le plus tortueux.
Et je crois aussi, cette façon de toujours réfléchir à tous les actes, pensées, minuscules choses qui alimentent sans cesse notre esprit.
Pourquoi telle personne fait telle chose de cette façon. Comment ce verre qui n’était pas là hier soir mais qui est là ce matin s’est retrouvé sur la table. Le pas d’une personne dans l’escalier et chercher à en déduire sa journée. Quel est le nom de la force physique que j’utilise lorsque je maintiens une cruche sous un robinet. Et qu’au fur et à mesure qu’elle se remplit, j’oppose ma force à son poids pour rester à la même hauteur…
Les milles questions qui bombardent tout le temps le cerveau, dont on n’a pas conscience qu’il s’agit d’un comportement particulier tant qu’on ne sait pas que les autres ne fonctionnent pas comme ça aussi.
Les « décrochages » fréquents dès lors que les choses tombent un peu trop dans la norme.
Et puis un tas d’autres choses propres à chaque individu, parce qu’avant d’être HP, on a un vécu, de l’acquis, on s’est adapté ou non, on a voulu comprendre ou pas, se cacher ou pas.
Ce qui semble être commun, aussi, c’est cette motivation sans limites lorsqu’un sujet nous passionne. Peut-être que c’est là, que les fameuses capacités supérieures peuvent être exploitées à leur plein potentiel. Faut-il encore trouver le sujet !
La réaction des gens est mitigée.
Il y a ceux qui n’y croient pas (bah les psys sont des charlatans, ils disent ce qu’on veut entendre).
Et même sans l’exprimer clairement, le scepticisme muet qu’ils affichent vous gifle.
Ceux qui y croient mais qui vous disent que ça ne va rien changer, parce que vous êtes comme vous êtes, et ce n’est pas parce qu’on vous met une étiquette que vous allez devenir quelqu’un d’autre.
Ceux-là sont inquiets.
Ceux qui accueillent la nouvelle comme une fierté (ma fille est surdouée ! Calme toi maman, on est très très loin du Nobel).
Ceux pour qui ça ne veut pas dire grand-chose, et parfois c’est frustrant, parce que vous, vous l’attendiez depuis toujours l’explication.
Mais vous ne l’aviez peut-être pas vraiment exprimé jusque-là.
La prise de conscience peut être subite et votre entourage n’est pas vraiment préparé au déferlement d’information, ni au fait que tout d’un coup, vous leur révéliez vous être planquée derrière une personnalité différente depuis des années.
Alors on ne peut pas leur en vouloir de ne pas saisir l’importance réelle du diagnostic.
Et puis ceux qui vous disent mais oui, on s’en doutait, on l’a toujours su. Et qui vous laisse comme deux ronds de flan.
Mais de toute façon, quoi qu’ils aient dit, vous auriez douté de vous.
Penses-tu que cela va changer, améliorer ta vie, ta manière de la vivre, plus en adéquation avec tes désirs ? En gros, si cela t’a donnée une force ?
J’ai envie que ça foute le feu oui !
Ce n’est pas un changement, c’est une révolution que j’attends.
Mais parce que ma vie actuelle ne me plait pas.
Sans ça, il n’y a pas d’injonction particulière à faire quelque chose d’une telle annonce.
Là où je sens que ça va m’aider, c’est dans l’acceptation que mon schéma de vie ne me convient pas.
Non, je ne suis sans doute pas faite pour la vie de famille. Je ne sais même pas si je le suis pour la vie de couple.
J’ai du mal à accepter dans ma tête que ma vie future, à très court terme, va sans doute s’écrire sans mes enfants à mes côtés. C’est un postulat très difficile à admettre pour une mère, à ses propres yeux, et aux yeux d’une société qui voit ça d’un sale œil !
J’ai beau être assez réfractaire à la norme, sous toutes ses formes, j’ai forcément été perméable toute ma vie à l’image de la mère qu’on nous impose partout.
Alors l’idée de faire quelque chose qui va à l’encontre de ce concept me perturbe.
C’est là que savoir comment je fonctionne m’aide beaucoup, et il y a fort à parier que je vais sortir la carte HP autant de fois que ce sera nécessaire.
Ce n’est pas sûr que ça marche, mais ça m’aide, moi, à pouvoir enfin me comporter de façon cohérente avec mon tempérament, et non plus de la façon dont on attend que je me comporte.
Je pense que certains en te lisant vont peut-être se dire : « ok donc maintenant elle va postuler pour être doctorante. Elle va aller faire des calculs compliqués dans une grotte (parce que c’est l’image typique du surdoué) Alors que c’est plus accepter une manière de fonctionner et d’accepter son vrai soi, non ? Ce que je comprends maintenant en m’étant intéressée au sujet c’est que l’on peut être dans sa haute potentialité ou fulgurance dans les domaines de l’écriture, du dessin …
Des secteurs qui ne semblent pas à haute potentialité pour le commun des mortels alors que des HP qui ne le savent pas forcément sont partout. Qu’en penses-tu?
Moi aussi j’ai cette image du surdoué à lunettes, la grosse tronche en math et en science, une sorte de Sheldon Cooper, voué à étudier toute sa vie.
C’est bien pour ça, à cause de cette image que beaucoup de personnes ne peuvent imaginer l’être.
Rien que le mot surdoué n’est pas adapté.
En tout cas pas pour moi.
Peut-être les très haut QI peuvent-ils correspondre à cette description ? Mais on dit aussi que le QI n’est qu’une indication, un indice parmi d’autres servant à identifier la présence d’un haut potentiel.
Je m’immerge dedans depuis des mois, je lis, je regarde, j’écoute tout ce qui s’écrit ou se raconte sur le sujet et ce que je constate c’est que les nombreux pros – et non pros- qui s’expriment sur le sujet sont souvent en désaccord sur le cadre.
QI, hypersensibilité, cerveau droit ou gauche, Hpi, Hpe, zèbres, il y a de quoi s’y perdre.
Certain.es préconisent de passer les tests, d’autres n’en voit pas l’intérêt, quand l’analyse d’un psy semble suffire.
C’est déroutant.
Je crois que certains HP ne sauront jamais qu’ils le sont, et qu’ils s’en porteront très bien.
Ils réussiront et exploiteront leur potentiel naturellement.
Et puis d’autres galèreront à tenter de s’adapter en permanence, ce qui demande une énergie considérable qu’ils auront du mal à utiliser dans l’exploitation d’un talent particulier.
En conclusion, tâchons d’être nous-mêmes.
Une question importante que je n’ai pas envie de faire passer à la trappe: la vie de couple quand on est HP.
Être en couple, chez moi ça n’a jamais été un choix.
Ma vie sentimentale n’a jamais été un territoire de maîtrise.
Ça m’est toujours tombé dessus. J’ai par contre un besoin d’absolu.
Le compromis n’est pas dans ma nature. Je m’y plie parce qu’il le faut mais avec mauvaise volonté.
J’aime être en couple, mais sans doute pas d’une manière conventionnelle. Je dois garder une certaine indépendance, au risque de m’éteindre derrière un compagnon, faute de pouvoir trouver une vraie place.
Alors on parle d’intensité évidemment.
L’amour doit y être vraiment lié, en ce qui me concerne bien sûr, c’est la condition.
Sinon, c’est juste chouette.
Quand je dis amour, je ne parle pas de L’Amour, du mariage, vie commune, un prêt immo et tout le bordel, mais de ce sentiment naturel qui naît entre deux personnes au bout d’un an ou au bout de 5 minutes, peu importe.
En fait, tout ce qui me procure des émotions vives et intenses me rend vivante. Mais le sentiment amoureux, c’est le must.
Quels sont tes projets ? Quels sont les freins de ta vie actuelle qui te bloquent éventuellement ?
Enfin me réaliser; d’une façon ou d’une autre !
L’écriture me tente tellement, et depuis si longtemps.
Et j’ai très envie aussi de me former à l’accompagnement des personnes atteintes d’autisme.
Mais, considérations purement financières obligent, je vais devoir recommencer le schéma habituel, et trouver rapidement un boulot dès mon retour dans le sud.
En fait j’ai envie de cumuler plusieurs choses à la fois, j’ai l’impression d’avoir dormi si longtemps.
Regrettes-tu que ce HP n’ait pas été détecté quand tu étais enfant ?
Oui, tellement.
Mais ça n’existait pas à l’époque, rien n’était prévu pour ça, le phénomène n’était pas du tout reconnu.
On parlait d’enfants surdoués, de petits génies, mais c’était rare et surtout, ça n’est pas représentatif de la globalité.
Qu’aurait été ma vie si j’avais eu cette reconnaissance beaucoup plus tôt ? Impossible à savoir !
Peut-être aurais-je eu la confiance en mes capacités qui m’a toujours manqué ?
Peut-être aurais-je été sommée de faire quelque chose de ce « don », et eu trop de pression ?
C’est le passé et pas moyen de revenir dessus.
Mais ça m’ouvre les yeux pour mes propres enfants.
Je suis vigilante et je les observe à travers un prisme différent, tout en faisant gaffe de ne pas voir en eux des petites copies !
Ce qui m’importe avant tout, atypiques ou normopensants, c’est qu’ils trouvent leur voie.
Merci Pascale pour cet émouvant et enrichissant témoignage. En HS que je suis , je vais pleurer 5 minutes et je reviens.
Je voulais rajouter à vous parents qui avaient lus ces lignes.
De consulter des spécialistes si vous sentez que votre enfant a de grandes émotions et vous semble différents des autres.
Le plus tôt sera le mieux pour qu’il sache qui il est, comment fonctionner en société et connaître ses atouts.
Il est peut-être aussi HP ou « gifted » comme on dit en anglais.
Il a peut-être des capacités en math ou en écrit. Ou en talents artistiques.
êt si vous savez grâce aux tests qu’il est HP, laissez le vivre avec ses goûts et ses centres d’intérêts.
Tous les HP ne vont pas travailler à la NASA.
Comme me disait Pascale lors de notre entretien, « le domaine scientifique n’est pas à la portée de tous. HP ou pas. Et surtout il est question d’intérêt. »
Elle a raison. C’est tellement ancré cette croyance du surdoué matheux.
Et j’ai aussi envie de rajouter:
Ce n’est pas parce qu’une personne a un Bac S mention très bien avec 19 de moyenne qu’elle est HP. Certains sont de très gros bosseurs très scolaires, capables de réussir parfaitement. Et inversement HP n’est pas forcément synonyme de réussite.
Dans tous les cas, HS ou HP, nourrissez les !!
C’est ce que je vous conseille en tant que HS. Nous sommes avides de nouveautés, d’apprendre. Sinon on s’éteint!!
De tout! Livres, docus, expériences, échanges.. Faîtes leur ce cadeau magnifique de la compréhension de soi. Si jeune c’est un cadeau merveilleux.
Et si toi qui me lis, tu veux en savoir plus sur ta HS sans avoir jamais su jusqu’à maintenant poser des mots sur tes caractéristiques, consulte un spécialiste (on en trouve beaucoup plus de nos jours) et cours acheter le « Petit Collin » comme je l’appelle. Il sera une étape importante à ta construction.
Prends soin de toi
Nathalie