Je suis fière de mon intuition! Elle ne me trompe pas!
Ma découverte de Lauren sur Instagram fût très rapide.
Une réponse qu’elle avait faîte sur un de mes posts a éveillé ma curiosité et je me suis penchée sur son compte.
Je sentais qu’il y a avait matière à faire un portrait du « tout est possible »et voulais en apprendre plus sur Lauren.
Je fus frapper dans ses réponses de trouver tant de points communs entre nous. Mes origines bretonnes, un père malade, la présence des femmes dans notre famille, son signe astrologique. Les rencontres ne sont jamais anodines.
Nous avons quasi le même âge. L’approche de la cinquantaine en tant que femme est une nouvelle étape.
On parle souvent de nos physiques qui changent mais combien est aussi important notre chemin professionnel!!
A travers le parcours de Lauren, on ne se pose pas de questions et on fonce à travers les embûches et on arrive à une nouvelle étape, encore plus merveilleuse!!
Bonne lecture !
Le métier de tes parents est-il en relation avec ton domaine et ta passion.
Je viens d’une famille modeste.
Mon papa, qui est décédé en 2018, était électro-mécanicien dans l’aéronavale. Il a dû prendre sa retraite très tôt, à 45 ans ( forcé, pour cause de diabète de Type 1, même si depuis son diagnostic 8 ans plus tôt il n’avait jamais manqué une journée de travail.)
Il m’a enseigné la volonté (il était très obstiné ! ) et le plaisir du travail bien fait.
Ma maman a travaillé aux PTT. Mais comme papa changeait de base tous les deux ans, elle ne pouvait pas toujours avoir de poste.
Quand ils sont revenus dans le Sud Finistère à la suite de la retraite de mon père, elle a fait quelques remplacements à la poste, et elle a travaillé un peu dans un magasin.
Elle et ma grand-mère, qui travaillait à la conserverie, m’ont toujours encouragée à faire des études.
Pour elles, c’était le seul moyen de s’en sortir dans la vie.
Ma grand-mère m’a souvent dit qu’elle aurait tellement voulu faire des études, mais venant d’une famille pauvre elle a été obligée d’aller à l’usine à 13 ans.
J’ai toujours porté ça en moi, l’histoire de ces femmes qui ont vécu avant moi tout au bout de la Bretagne, et dont la vie était si rude.
A quoi rêvais tu ado. Avais-tu déjà une idée de ce que tu voulais faire dans la vie.
J’ai eu beaucoup d’envies de carrières quand j’étais ado.
Je voulais être tour à tour pilote d’avion, archéologue, vétérinaire, journaliste…
Mais en seconde j’ai découvert que je n’étais pas super douée en maths et en sciences.
Mes points forts : le français et les langues étrangères.
Et si je devenais « international business-woman » ?
En même temps, j’adorais le lycée et quelquefois je me disais que j’aimerais sans doute être prof . Je jouais à la fille cool qui s’habillait comme Robert Smith, mais en fait j’étais très studieuse !
Comment définirais-tu ta personnalité.
Je suis créative.
J’ai toujours fabriqué des choses, même avant que ça devienne mon métier.
Je m’adapte facilement aux nouvelles situations.
Je suis plutôt gentille. Trop, dixit mon mari, qui n’aime pas toujours mon envie de faire plaisir à tout le monde !
En revanche, je peux être froussarde, et j’ai tendance à toujours vouloir expliquer aux gens comment faire les choses.
Mon passé de prof, sans doute !
Je suis aussi plutôt impatiente. Mon côté bélier ?
Quel est le parcours ou la formation dont tu as eu besoin pour exercer ton métier actuel.
Le métier que je fais maintenant : créatrice de bijoux et propriétaire de chambres d’hôtes.
Je n’ai fait aucune formation pour le faire, sauf des cours du soirs pour apprendre les bases de la création de bijoux.
Le métier que j’ai fait pendant 20 ans, prof, pour lui oui, j’ai fait des études !
D’abord une Fac d’anglais, puis après ma Maîtrise je suis partie travailler comme assistante en Angleterre.
Et là, coup de foudre pour la ville où j’étais (Norwich), et le système éducatif anglais, beaucoup plus créatif et moins académique qu’en France.
J’ai donc fait deux ans d’assistanat pour pouvoir postuler à la fac là-bas, puisque mon lycée était content de me garder une année de plus.
Puis je suis allée à l’université de Norwich faire un PGCE (en gros, l’équivalent du Capes, mais plus axé sur la formation pédagogique) en langues vivantes.
J’ai décroché mon premier job à la sortie de l’université (là-bas un prof n’est pas fonctionnaire, on postule directement aux établissements scolaires, avec CV, entretien d’embauche etc.)
Changement d’école tous les deux ans, parce que j’avais la bougeotte et envie de monter en grade.
Mais 8 ans plus tard, un peu marre d’enseigner les langues et surtout grosse passion pour le théâtre.
J’ai pris des cours du soir pour devenir prof de théâtre.
En 2007 j’ai commencé à enseigner cette matière de la 6ème à la 4ème, et en 2010 mon lycée m’a donné des classes plus âgées, puis des classes d’examen, avant de me promouvoir Chef de Département Théâtre en 2012. Ce lycée-là, du coup, j’y suis restée 14 ans!
2015, nouveau virage :besoin de rentrer en France pour raisons familiales et mari qui veut être artiste à plein temps plutôt que prof d’arts plastiques.
On vend tout et on quitte tout pour venir s’installer en France.
Beaucoup de regrets de quitter mes amis, mes élèves, mon studio de théâtre, mais en même temps je commençais à fatiguer de travailler 60 heures par semaine. Et surtout l’enseignement avait changé sous le joug du gouvernement Conservateur.
Ce qui comptait à présent c’était les résultats des examens, et le gouvernement avait instauré une culture du blâme des profs de plus en plus démoralisante.
En 2016, après bien des péripéties administratives qui m’interpellent à mort, comme dirait Renaud, je réussis enfin à ouvrir mon atelier-boutique au rez-de-chaussée de notre maison à Cordes-sur-Ciel.
Dis-nous ce que tu fais en ce moment. Où travailles-tu et pour qui travailles-tu.
Je travaille pour moi, je suis en M.E.
Depuis notre arrivée en France nous avons re-déménagé, pour venir nous installer en Charente-Maritime, plus près du Sud Finistère.
Donc plus pratique car depuis le décès de mon papa en 2018, ma maman a besoin de moi.
Notre maison est sur le Quai des Fleurs, et comme c’est un joli nom j’ai décidé d’en faire ma marque (déposée à l’INPI et tout!).
La maison nous donne aussi la possibilité d’ouvrir des chambres d’hôtes.
Où trouves-tu tes idées. Comment t’inspires- tu.
Ce que j’aime le plus dans mon job, c’est rencontrer des gens.
Bien sûr, j’aime créer, mais c’est une activité solitaire.
Et je me suis rendue compte en quatre ans d’atelier-boutique que c’est le contact humain, les rencontres, discuter avec les gens, qui me donnent du peps.
Si je n’ai que deux ou trois clients dans la journée, je déprime!
D’où l’idée d’ouvrir la maison en chambres d’hôtes.
Ce qui m’inspire dans mes créations, ce sont les couleurs.
J’adore jouer avec la peinture, en fait !
Mon papa m’a dit une fois en rigolant que j’était devenue prof parce que j’adorais découper des bouts de papier!
Il ne croyait pas si bien dire, puisque aujourd’hui la plupart de mes créations sont des bijoux de papier peints à la main…
Je n’ai jamais aimé les bijoux ou les tenues classiques, j’ai toujours eu un côté un peu original.
Mais bon, en même temps je reste dans les limites du raisonnable comme dirait ma maman !
En ce moment je travaille sur une collection ‘coucher de soleil’, juste parce que j’en ai vu un superbe l’autre jour au-dessus de la rivière, et je me suis dit, « ça ferait de jolies boucles d’oreilles! »
Combien d’argent te fais-tu et comment aimes-tu le dépenser.
Ouh là, bonne question !
Il y a des mois avec (juillet-août par exemple) et des mois sans (janvier !).
En ce moment tout ce que je gagne passe dans la rénovation de la maison, et c’est loin de suffire.
Alors nos économies sont aussi en train d’y passer!
Quand on était tous les deux profs on gagnait plutôt bien notre vie, et notre argent nous servait à payer la maison.
Ce qui nous a permis d’acheter en France sans emprunt. Mais aussi à voyager. Nous partions plusieurs fois par an, pour décompresser du boulot.
Et nous allions beaucoup au cinéma et au théâtre, au pub et au resto.
Maintenant on ne part plus, mais comme on vit dans une très belle région on se fait des mini-vacances d’une journée de temps en temps, au bord de la mer ou sur l’estuaire de la Gironde.
Quelles sont tes principales passions. Voyages-tu beaucoup.
Ma passion, qui est en sourdine depuis mon retour en France, c’est le théâtre.
J’ai envie de scène, d’enseigner à nouveau, peut-être de former une troupe, de me remettre à écrire, voire de faire un one-woman show…
Peut-être sur le retour d’une française en France, un pays qu’elle a du mal à comprendre, ce que les gens ont du mal eux-même à comprendre .
(« T’es française, quand même! ») !
Quand on prend un peu de recul, les déboires administratifs peuvent être comiques en fait…
Mais la froussarde que je suis se trouve des excuses…
Avant, quand j’étais prof, je voyageais pas mal.
Ma meilleure amie, que j’ai rencontré quand j’étais étudiante à Norwich, est argentine et vit à Buenos Aires.
Alors grâce à elle j’ai découvert ce merveilleux pays.
Avec mon mari on a fait beaucoup de road trips’: en Grèce, au Portugal, en Italie surtout, des pays qu’on adore..
En quelques mots, une journée typique quand tu bosses. Une anecdote hors du commun.
Une journée typique en ce moment est divisée entre matinée-bricolage et après-midi atelier-boutique.
Debout tôt, on commence la journée par la promenade de la chienne avant de s’attaquer à ce qu’il y a à faire.
Ça peut être carreler une salle de bain, poncer un vieux parquet, peindre un radiateur, boucher des trous dans les murs, se demander où est passé le plombier…
En ce moment je vais chiner dans les brocantes, chez Emmaüs, et dans quelques boutiques de neuf quand même, pour créer un joli look pour nos chambres et pièces communes.
Anecdote qui ressort de mes presque 4 ans en temps que créatrice de bijoux. Cela a été quand une cliente américaine, depuis devenue une amie chère, s’est mise à m’apporter ses vêtements et à me demander de créer des bijoux qui aillent avec.
Elle me faisait totalement confiance, et la joie avec laquelle elle recevait chaque pièce était infectieuse.
Elle vit à Cordes-sur-Ciel et elle me manque beaucoup depuis qu’on a déménagé.
Jamais je n’aurais pensé devenir amie avec quelqu’un de trente ans de plus que moi. Mais depuis mon retour en France je me suis fait des amis de 18 à 99 ans !
Aucun d’entre eux n’est prof, ce qui me change aussi car quasiment tous mes amis anglais le sont!
Quelle est ta principale détente quand tu as un moment de libre.
Si j’ai un moment de libre je fais un câlin à ma chienne.
Si ce moment est un peu plus long, je me plonge dans un bouquin.
J’ai toujours beaucoup lu, influencée au départ par ma maman, qui allait à la bibliothèque toutes les semaines. Mon mari me surnomme « book-pig« !
As-tu lu un livre qui t’a chamboulé ces temps ci.
J’adore tout ce qui est situé dans les années 30 à 50.
Mon héroïne a longtemps été Agatha Christie!
Le dernier livre qui m’a marqué c’est The Clockmaker’s Daughter de Kate Morton.
C’est une auteure géniale, qui vous emporte dans le passé, avec toujours des intrigues prenantes.
J’ai adoré tous ses livres.
Je préfère lire en anglais.
J’ai perdu habitude de lire en français quand je vivais en Angleterre, et maintenant lire en français m’ennuie un peu, je décroche vite.
Pour toi , quelle est la conception du beau.
Le beau, c’est un moment.
Un reflet sur l’eau, un coucher de soleil, le regard du chien qui veut un biscuit. Une fleur que l’on ne s’attend pas à voir, un ado dans une pièce que vous avez écrite qui vous bouleverse.Un chevreuil que l’on aperçoit dans un champ au détour d’un chemin…
Comment te vois- tu dans 10 ans.
Dans 10 ans, j’espère que je me sentirai enfin confortable en France.
Que le Quai des Fleurs sera une chambre d’hôtes où les gens auront envie de revenir. Que les bijoux « Quai des Fleurs » se vendront bien, et que je pourrai à nouveau partir en vacances !
Je rêve de retourner en Argentine, et de faire un grand ‘road-trip’ en Italie.
Dans mes rêves j’imagine aussi avoir réussi à replonger dans le théâtre, mais n’en ayant jamais fait en France et en français, ça me semble plus difficile à concrétiser.
Mais je me dis aussi que, ayant tout quitté pour repartir de zéro à 45 ans, ayant réussi à ne pas mourir de faim en le faisant, et ayant également réussi à ne pas faire trop de boulettes face à l’aspect parfois kafka-esque de la bureaucratie française, il n’y a pas de raison que je n’y arrive pas…
Il faut juste que je trouve la bonne porte, et que j’arrive à l’ouvrir.
Un grand merci Lauren pour cette plongée dans ta vie si riche.
Et comme tu le dis à travers ta conclusion: Tout est encore possible à l’aube de la cinquantaine ! Ou à n’importe quel âge!!
Croyez toujours toujours en vous et vos capacités.
Laisser un commentaire